J’ai la mémoire qui flanche…

J'ai la mémoire qui flanche

Retours sur le meet-up du 1er septembre 2016

Par Catherine Pouget, Dr Université-Paris Dauphine

 

Merci à Jay Jay pour sa participation...A très bientôt avec d'autres ideactiveurs!

J’ai la mémoire qui flanche, je ne me souviens plus très bien…

Il nous arrive d’avoir de petites pertes de mémoires où à devoir faire des efforts pour se souvenir de quelque chose.
Pour éviter ce genre de situation ou y palier, il faut avoir en tête la nature de la mémoire et sa diversité.
Il est possible de dire que la mémoire est un muscle, à ce titre, pour l’entretenir il faut l’entraîner.
La mémoire est aussi multiple. En situation on mobilise différents types de mémoires et chacun selon ses capacités et son expérience développe plutôt telle ou telle mémoire.
Je vous propose de faire de dresser un panorama des approches mémorielles, des différents types de mémoire et de la façon de les entretenir et de les stimuler.
On peut citer trois approches de la mémoire prégnantes depuis le siècle dernier : l’approche computationnelle/bibliothèque certainement influencée par l’avènement de l’ordinateur de Von Neumann (1946), l’approche connectiviste de Tiberghien (1997) inspirée des connexions synaptiques, des réseaux et l’approche « mille-feuille » plus émotionnelle de Berthoz (2010).
Ces approches bien sûr se complètent plus qu’elles ne sont exclusives. La première illustre que l’homme est capable de classer « dans son esprit » l’information qu’il traite comme dans une bibliothèque et d’aller rechercher une information selon le classement choisi. L’approche connectiviste permet de comprendre que des informations sont stockées non par thème mais par liaison selon un contexte, une situation donnée : je conduis ma voiture sans problème, mais quand je conduis une autre voiture que je ne connais pas parfois des réflexes remontent comme chercher le klaxon sur le volant au lieu d’essayer sur une manette par exemple (ou inversement) ou bien encore chercher le bouton pour ouvrir la fenêtre sur la porte au lieu d’à coté du levier de vitesse (ou inversement). Ceux sont des façons de faire acquises en conduisant une voiture…autrement en dit en contexte et que nous avons des difficultés à adapter… mais cela se corrige en s’entraînant et en étant vigilant. C’est la même chose quand on change d’ordinateur ou de smartphone…
Pour l’approche émotionnelle l’idée est que la mémoire stocke les informations d’une manière chronologique, autobiographique. D’ailleurs on se souvient très bien du jour de notre bac ou de la naissance de nos enfants… par exemple.
Ces approches nous apprennent que selon les types de mémoires nous ne les organisons pas de la même manière et que l’on peut retenir des informations en les classant : thématiquement, en contexte ou en fonction des évènements que l’on vit, par date.
Ces approches synthétisent la diversité des mémoires à plus ou moins long terme.
La mémoire de Long terme de James (1890) est celle des connaissances, des plans, de la culture générale. La mémoire active de Tulving (1972) est celle des procédures, recettes, façons de faire. La mémoire de travail de Turing (1950) – si on reprend la métaphore de l’ordinateur c’est celle active- celle que l’on mobilise pour trouver une idée devant sa feuille ou pour résoudre un problème ou bien encore poser un diagnostic. Enfin la mémoire de court terme de Baddeley (1974), peut être assimilée à la mémoire acoustique… d’ailleurs si on ne la fixe pas on l’oublie au bout de 30 secondes.
Il existe aussi toutes les mémoires fonction de nos sens/perceptions : mémoire gustative, olfactive, phonologique, visuelle, sensorielle, musculaire…
La mémoire déclarative (discours) se fixe en répétant, dans les discussions ; la mémoire procédurale (façons de faire) se fixe par l’expérience en contexte.
La mémoire de long terme se fixe en travaillant les informations : les écrire, les relire, multiplier les supports de répétition (audio ou vidéos par exemple). A noter que faire un effort de compréhension, de résolution ou de catégorisation permet de mieux retenir les informations.
On peut aussi rajouter l’effort de préciser des mots-clés à certains ensemble d’informations permet de mieux les retenir.
En résumer pour entretenir nos mémoires il faut soit répéter les informations à retenir (discours) soit les répéter en s’entraînant à les mettre en œuvre (procédures…)